"Une joie énorme": Mourad Boudjellal revient sur quatre demi-finales marquantes du RCT en Top 14

Sept demi-finales de Top 14 en huit ans. Il fut un temps, pas si lointain, où le RCT avait son rond de serviette dans le dernier carré. Un homme les a toutes vécues: Mourad Boudjellal. Ces demies, l’ancien président en a perdu, oui, mais il en a surtout gagné. Et si on a tendance à se souvenir des finales ou des titres, lui n’a pas oublié ces matches à la tension maximale. Avec ses mots, il en a choisi quatre, qu’il nous fait revivre.
La plus belle. Clermont – RCT: 12-15 en 2012."La première qualification en finale, c’est une joie énorme. C’est l’histoire du club qui te revient dans la gueule. Je revoyais mon papa, je revoyais tout... Il y a cette dernière pénalité de Morgan Parra, qui à l’époque ne ratait jamais rien. En tribunes, le délégué me dit: “M. Boudjellal, le temps est terminé, s’il la rate, vous êtes en finale du Top 14." Je le savais, mais le fait qu’il me le dise, ça prenait une symbolique très forte. Je la vois passer, mais elle est trop courte. Je ne voulais pas le croire. C’était irréel dans ma tête. J’étais dans une autre dimension. J’étais suspendu (à la suite de la déclaration de "sodomie arbitrale", Ndlr), mais j’ai décidé de descendre sur le terrain. Parce que c’était trop fort."
La plus dure. RCT – Clermont: 29-35 (a.p.) en 2010"Le premier souvenir, c’est la responsabilité que tu as quand tu sors du couloir et que tu vois ce mur de Toulonnais. Tu te dis: “Je ne peux pas les décevoir." Et il y a ce fait de jeu, que tout le monde voit (un en-avant sur l’essai du Clermontois Zirakashvili; malgré les protestations, l’arbitre, M. Garcès, ne veut pas demander la vidéo, Ndlr). Tu as l’impression qu’il y a une cabale contre toi... Puis il y a cette remontada incroyable. Jusqu’à la dernière seconde. Et là, c’est le symbole de l’année: on avait un problème d’ailiers. Lovobalavu, un centre qui jouait à l’aile, a la balle pour aller à dame. Il se fait rattraper d’un ongle. Or un ailier ne se fait pas rattraper... Mais on était fiers."
La plus folle. RCT – La Rochelle: 18-15 en 2017"Il y avait souvent eu des demies au Vélodrome, mais on n’avait jamais réussi à y aller. J’avais viré je ne sais pas combien d’entraîneurs dans la saison pour y arriver. Le match est très dur. S’il n’y a pas le carton rouge (contre Aguillon) on ne gagne pas, parce que La Rochelle avait pris l’ascendant. Ensuite, il y a Halfpenny qui passe tout. Et puis on a cette touche à 5 mètres et ce drop du jeune Anthony Belleau (21 ans à l’époque). Je savais qu’il allait le tenter, alors je regardais la tribune. Elle explose, c’est qu’il est passé. Belleau, on avait décidé qu’il retourne à Agen, mais on décide de le garder parce qu’il nous a qualifiés."
La plus forte. RCT – Toulouse: 24-9 en 2013"Battre Toulouse, c’est une chose, mais le faire sereinement... C’est rare ça. Tout ce que tu as prévu marche. On avait vu que l’arrière toulousain (Poitrenaud), était très attiré par le ballon. Toute la semaine, on avait travaillé à décaler le ballon vers la gauche de façon à ce que l’arrière suive. Et à un moment donné, Fred Michalak devait taper complètement à droite. Et c’est Danie Rossouw qui faisait 2,10m pour 150kg (1,96m pour 117kg en réalité) qui attendait discrètement sur l’aile... Quand Michalak sort le ballon, il n’a pas tapé que Bernard Laporte lève les bras... Ça a marché dès la 4e minute. C’était du rugby d’école. Et puis alors, l’essai de Delon Armitage, qui traverse le terrain et tue le match. Avec tout ce qu’on avait dit sur lui... En tribune présidentielle, on avait l’impression qu’il y avait un mort. Tellement qu’elle était triste que Toulouse soit éliminé."
2010: Toulon – Clermont : 29-35 après prolongation (à Saint-Étienne)
2012: Clermont – Toulon : 12-15 (à Toulouse)
2013: Toulon – Toulouse : 24-9 (à Nantes)
2014: Toulon – Racing 92 : 16-6 (à Lille)
2015: Toulon – Stade français : 16-33 (à Bordeaux)
2016: Toulon – Montpellier : 27-18 (à Rennes)
2017: Toulon – La Rochelle : 18-15 (à Marseille)
Var-Matin